samedi 1 octobre 2016

Des antalgiques augmenteraient le risque d'insuffisance cardiaque

Des anti-douleurs très répandus augmentent le risque d’insuffisance cardiaque, surtout lorsqu’ils sont prescrits à forte dose et pendant de longues périodes, selon une étude publiée ce jeudi dans la revue British Medical Journal. Ces médicaments sont couramment utilisés pour traiter la douleur et l’inflammation et sont en vente libre dans certains pays. Ils font partie des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) ainsi que d’une nouvelle classe d’anti-inflammatoires, les anti-Cox 2 (coxibs).
Plusieurs études publiées ces dernières années ont évoqué un risque cardiovasculaire accru pour plusieurs de ces anti-inflammatoires, mais sans étudier précisément la relation entre la dose ingérée et le risque. Des chercheurs dirigés par Giovanni Corrao de l’Université de Milan-Bicocca se sont penchés sur huit millions de patients européens prenant des anti-inflammatoires (23 AINS et 4 anti-COX 2) et dont un peu plus de 90.000 ont été hospitalisés pour une insuffisance cardiaque sur une dizaine d’années.

Un risque accru de 16 % à 83 %

Après avoir tenu compte des autres facteurs potentiels de risque, les chercheurs ont trouvé un risque accru d’hospitalisation pour insuffisance cardiaque chez les patients ayant pris sept anti-inflammatoires courants : diclofenac (en France Voltarène + génériques), ibuprofène, indométhacine, ketorolac, naproxène, nimésulide et piroxicamainsi que pour deux coxibs, l’étoricoxib (Arcoxia) et le rofécoxib (Vioxx retiré du marché mondial en 2004).
Le risque était accru de 16 % à 83 % selon le médicament et l’état préalable de l’utilisateur. A très fortes doses, le risque d’hospitalisation était même multiplié par deux, notamment pour le diclofenac.

Aucun lien de cause à effet démontré

« Dans la mesure où toute augmentation d’un risque potentiel peut avoir un impact considérable sur la santé publique, les estimations de risque fournies par cette étude pourront servir dans la pratique clinique et dans le travail réglementaire » soulignent les auteurs de l’étude. Ils reconnaissent qu’il s’agit d’une étude « observationnelle » et qu’aucun lien de cause à effet n’a pu être démontré à ce stade.
« L’étude vient rappeler aux médecins qu’ils doivent faire attention lorsqu’ils prescrivent des AINS et des anti-COX 2 et aux patients qu’ils doivent prendre la plus petite dose efficace pendant la période la plus courte », relève le Pr Peter Weissberg, un expert indépendant de la British Heart Foundation.

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